Une œuvre pour les enfants mais…

Moins connue que Pierre et le loupLe Bûcher d’hiver est aussi destiné aux enfants. Cette suite symphonique a par contre été composée presque 15 ans plus tard, dans un tout autre contexte. La première œuvre a été commandée à des fins pédagogiques, pour que les plus jeunes découvrent les différents instruments de l’orchestre, alors que la deuxième illustre un conte écrit par Samuil Marshak, poète de la littérature enfantine. Mais, en 1949 en Russie, les artistes doivent créer des œuvres patriotiques, et ce conte s’en ressent fortement. L’auteur de l’histoire a d’ailleurs voulu en modifier le texte, quelques temps après sa création, pour le rendre moins « soviétique ». Mais ce nouveau texte n’a pas été à cette époque relié à la partition, puis les complications de l’histoire politique ont fait que cette œuvre est restée quelque peu dans l’oubli.

L’histoire

D’une grande simplicité, elle décrit le voyage d’un groupe de jeunes garçons : leur départ en train, la neige qui tombe, le patinage sur un lac gelé, leur feu de camp dont est tiré le titre, leur nuit et leur retour. Après le feu de camp, ils entonnent un chant, d’où l’adjonction d’un chœur de garçons.

Une suite pour orchestre

Une suite est un enchaînement de mouvements courts. C’est un des plus anciens genres de la musique instrumentale, certaines suites de danses remontant au XIVe et XVe siècle.  Dans Le Bûcher d’hiver, chaque mouvement correspond à un épisode de l’histoire dont il porte le titre. La musique de Prokofiev y est très descriptive, et les mélodies évocatrices

Dans ces mouvements encadrant l’histoire, Prokofiev illustre musicalement la machinerie du train ainsi que l’animation qui règne à l’intérieur des wagons. Après un appel introductif des cors, les principaux éléments de la partition sont :

-  Une « mécanique musicale » créée par un mouvement perpétuel des cordes, percussions, cors, trombone et tuba ;

-  Des sifflets imités par la trompette ;

-  Une mélodie enjouée des bois, qui est attaquée sur le motif du sifflet.

La partie centrale, plus douce, renvoie à l’intérieur confortable du train et à la joie des enfants. Le lourd mouvement du train est remplacé par unmouvement continu et fluide de doubles croches et une seconde mélodie, plus sautillante, apparaît.

Pour Le retour, mouvement très bref, l’idée musicale du train est rapidement évoquée, comme un rappel dont les premiers mots suffiraient à comprendre toute la suite.

PISTES PÉDAGOGIQUES

  • Créer des « mécaniques » sonores imitant des machines, et notamment un train : divisée en groupes, la classe superpose progressivement plusieurs motifs répétitifs de leur invention (bruitages, rythmes, paroles, etc.).

 

Ecouter Pacific 231 d’Arthur Honegger. Décrire comment Honegger symbolise la locomotive et son mouvement. Comparer cette évocation musicale du train à celle du Bûcher d’hiver. (Une autre œuvre, ou tout au moins des extraits, pourrait être utilisée pour cette comparaison : différents trains de Steve Reich. Mais l’aspect historique en est plus complexe. Steve Reich y juxtapose en effet deux idées de train : celui qui traverse les États-Unis, et ceux qui menaient aux camps de concentration pendant la Seconde guerre mondiale.

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